Le Bourg de Romenay tout de brique et de bois, tout d'histoire et d'une extraordinaire vibration humaine, est de ces lieux privilégiés que devrait décrire quelque truculente chronique puisque Rabelais ici a encore droit de cité. Mais aussi bien cette seigneurie qui a duré douze siècles mériterait une réflexion sociale, économique, politique, exemplaire.
Deux bâtiments dominaient le pourpris des murailles : l'un n'est qu'un lointain souvenir, le château, siège de la Baronnie des évêques de Mâcon. L'autre, l'église, a survécu péniblement : toute mutilée, ces quelques pages essaieront de la décrire, 584 : Charte du roi Gontran donnant à St Vincent de Mâcon la villa et seigneurie de Romenay. Le texte est en fait connu par des copies tardives. La date exacte de la donation est à situer entre 561 et 593, règne de Gontran. On trouve alors mentionné : "in Romanaco, ecclesiam Santi Petri reedificare ex toto..." Cette église, proche des murs, peut être déjà à l'emplacement de l'église actuelle. Les murs dont il s'agit sont ceux du château de la villa et non de l'agglomération, qu'il faut attribuer à une date plus récente. Plus délicat est le changement de vocable : puisque l'église est de toute ancienneté sous le patronage de St Martin, faut il voir sous le vocable de St Pierre, la volonté d'extension de l'église mâconnaise ? Un autel St Pierre dans l'église de Romenay est encore cité dans une charte avant 1081, ce serait le dernier vestige de cette église. La charte de donation, créant une enclave entre Saône, allait déterminer tout l'avenir du fief, son développement économique, ses infortunes de place menacée et sa longue stagnation. Les textes ne sont pas bavards sur les constructions successives...
Situation de l'agglomération. L'Eglise de Romenay se situe à peu près au centre du bourg, au bord de la grand'rue. La petite place forte en demi lune, encore très visible mais privée de son point fort, au Sud, le Chateau épiscopal, n'a pas la belle rigueur circulaire de Bâgé. Ce n'est pas non plus, comme Louhans ou Ste Croix, la ville-rue. Orientée est-ouest, la grande rue encore aujourd'hui si pittoresque avec ses maisons à colombage n'est pas parallèle à l'axe général de l'église. Manifestement, elles se sont ignorées. Décalage dans le temps ? Préoccupations d'un autre ordre ? Probablement les deux. J'inclinerais à donner une antériorité à l'église, qui peut-être, aurait supplanté un lieu de culte païen. Mais, l'ordonnance urbaine restera tributaire de situations foncières que le sanctuaire ignore. Plus encore : non seulemenet le bel alignement est une notion totalement étrangère avant la Renaissance, disons, le XVIIè siècle, mais l'impératif d'orienter l'église au soleil levant du jour de la fête peut amener dans l'édifice même des perturbations ; ainsi à Romenay, le choeur n'est pas du tout construit dans l'axe de la nef, et la raison pourrait en être ce changement de patronage, quittant St Pierre pour St Martin... L'absence de textes précis et, bien sûr, de tout document figuré , confère donc une granbe importance à l'analyse du seul témoin : l'édifice, et interdit d'attacher un intérêt excessif à l'imagination...
(extrait de la plaquette faite par Mr Michel Bouillot)
Des établissements gallo-romains, des voies romaines parmi d’autres indices, témoignent du passé ancien de Romenay.
En 534, le roi burgonde Gontrand donne ses terres de Romenay aux évêques de Mâcon. Le destin du petit bourg est scellé. Il dépendra jusqu’à la révolution de la seigneurie épiscopale de Mâcon. Ce particularisme exposa fréquemment Romenay aux ambitions territoriales des comtes de Savoie. De son passé médiéval, le bourg a gardé une partie de son enceinte fortifiée en briques. Les deux portes de la ville du 14è construites en pans de bois et une tour carrée avec mur de courtine également du 14è sont, par contre, en excellent état. L’église, bien que pillée et saccagée à plusieurs reprises durant les guerres de religions et la révolution, et par conséquent souvent remaniée, conserve un beau portail roman en pierre rose de Prety. Le chœur et les absidioles sont du 13è tandis que les chapelles sont des 14 et 15è. La nef, quant à elle, a été refaite au 17è. Le clocher détruit sous la révolution a été remonté en 1866. On peut y lire l’inscription : « Renversé par quelques uns en 1793. Relevé par tous en 1866 ».
Extraits de « guide de découverte de la Bresse bourguignonne »
Edition : écomusée de la Bresse Bourguignonne