"Dans l'histoire de la Bresse louhannaise, on lit qu'"une chapelle sous le vocable de Sainte Thècle existait en 1155." A cette époque lointaine où nos campagnes étaient presque désertes, un modeste oratoire pouvait suffire aux besoins religieux d'une faible population, mais les familles augmentant, la nécessité d'une église s'imposa. Pour éviter de trop grands frais, on ajouta seulement un vaisseau ou nef à la chapelle existante dédiée à Sainte Thècle qui devint alors le choeur ou sanctuaire.chapelle thecle

L'église de la Chapelle Thècle figure dans une pièce des archives de Mâcon datée de 1476. A l'occasion de la fondation d'une chapelle de la Sainte Vierge,  elle apparaît  dans un état de délabrement qui demandait au plus tôt une construction nouvelle. Peut-être était-ce dû aux guerres de religions, lorsque les Huguenots ravageaient églises et châteaux !

Après 1661, Louis XIV ordonne aux évêques de faire la visite de leurs églises. Vu l'état de délabrement l'archevêque de Lyon ordonna la fermeture de l'église "à moins d'une prompte réparation". Celle-ci tardant, il frappa l'église d'interdit le 6 décembre 1681. Comme c'était humiliant pour une population un peu chrétienne, on se mit à l' oeuvre pour la reconstruire et elle fut achevée en 1686. L'architecture, dans cette construction, avait suivi le style grec dans tout ce qu'il a de moins harmonieux ! Une chapelle Guichard fut même érigée dont il ne reste que quelques fragments, oeuvre de Pierre Guichard du hameau de Coillat.

Après la Révolution, un prêtre d'abord assermenté mais qui se rétracta ensuite, Etienne Poulalier, se mit en devoir de restaurer l'église dont il ne restait que les murs. Il fut curé de la Chapelle Thècle de 1804 à 1838 , ses restes reposent sous le clocher. Cette restauration fut terminée en 1871, la commune y contribua pour la somme de 28000 francs de l'époque. Malheureusement on avait voulu exhausser les murs de 2 m, lesquels, rongés par l'humidité, se lézardèrent et la voûte finit par s'effondrer en avril 1897. Il fallu de nouveau songer à réparer. La commune aida de nouveau et la fabrique fit le reste. Au lieu d'une voûte en brique, l'architecte départemental fit adapter un plafond peint à la française, rélié aux murs extérieurs par de forts boulons et supporté par de bonnes traverses de bois. Il est à croire que les murs désormais se tiendront dans la verticale, puisque murs et plafonds maintenant ne font qu'un !
L'église est dédiée à Sainte Thècle qui fut une martyre à Rome dans les premiers siècles de l'Eglise.
 
Telle qu'elle existe actuellement, elle fait, de loin, belle figure aux voyageurs qui viennent du chemin de Cuisery. De très loin on l'aperçoit, grâce à sa position sur un terrain élevé. Le clocher de taille svelte produit le plus bel effet : construit en briques, les angles sont reliés entre eux par des pierres de tailles, agencées avec goût. Il est de forme carré. Chacune des faces extérieures a environ 4 m. Il se compose de différents étages ou plafonds : le premier constitue la tribune, à gauche de la tribune se trouve une chambre qui autrefois a pu servir au veilleur. A droite se trouve l'escalier, en chêne qui monte au beffroi.
Cinq piliers non ouvragés sont enchâssés dans la nef. En tout, il y a 4 travées. Cinq poutres supportent le plafond de l'église. A droite et à gauche sont les chapelles, non apparentes extérieurement. Celle de droite est dédiée à Sainte Thècle, patronne de la paroisse, celle de gauche à la Sainte Vierge.  
Le clocher et le corps de l'église étaient couverts en tuiles plates. 
Au fond de la tribune se trouve une fort belle rosace, ronde, à 6 dessins détachés et intercalés de verre peint. Dans la première restauration de l'église, il y avait trois statues représentant les saints les plus vénérés par la population : une statue de Saint Sylvestre, l'autre de St Claude et la troisème de la Vierge des tempêtes qui furent restaurées après 1900 et remises en place. 

Il y avait beaucoup d'activités de culte et de dévotion dans notre église jusqu'au début du siècle. La population avait une grande dévotion à Saint Sylvestre pape (31 décembre). Comme disent les gens, on venait ce jour-là en veyauge pour les bêtes : boeufs, vaches, chevaux. Le 17 janvier, fête de St Antoine, ermite du désert, on venait également en foule à l'église, on y priait pour la réussite des porcs. Avant de sortir de l'église on faisait une offrande. Ces deux jours, l'église ne désemplissait pas... Ces dévotions doivent dater de la fin du XVIIè sicèle. Autrefois on fêtait beaucoup aussi Saint Agathe, St Claude, St Georges, St Jean-Baptiste, mais la plus forte d'entre elles était de Sainte Agahe. On priait cette vierge pour se protéger du feu pendant l'année.. Après avoir été prier à l'église pour la St Sylvestre et pour St Antoine, on couronnait la journée par des fêtes et amusements de nuit. Pour la grande fête de Pâques, de grand matin, les gens accouraient nombreux adorer la croix...

Au XVIIIè siècle, il y avait dans la Paroisse, une confrérie du St Esprit. Ces confréries étaient alors composées de prêtres, de bourgeois et gentilshommes et de gens attachés à la religion. En 1839, on trouve une confrérie du St Sacrement dans la Paroisse, composée d'une vingtaine de chefs de famille. Toutes ces confréries ont disparu depuis de nombreuses années." 

d'après "Conférence ecclésiastique" du mois de juillet 1905 sur l'histoire religieuse de la paroisse, signé de C. Bernard, 14 septembre 1905